FR 197 - French Culture and Literature 1 |
FR197 - "Les études culturelles"
1. La critique culturelle:
“For cultural critics, culture is a process, not a product; it is a lived
experience, not a fixed definition. More precisely, a culture is a collection
of interactive cultures, each of which is growing and changing, each of which
is constituted at any given moment in time by the intersection of gender,
race, ethnicity, sexual orientation, socioeconomic class, occupation, and
similar factors that contribute to the experience of its members.” (Lois
Tyson, Critical Theory Today. A User-Friendly Guide, New York: Garland, 1999,
p. 294)
• Que ceci veut-il dire?
“La critique culturelle” se veut donc une approche inclusive qui se penche
non seulement sur un discours dominant identifiable à une certaine
période historique, mais qui, en revanche, considère l’histoire
comme un processus dynamique qui se trouve en mouvement perpétuel.
Ce processus est entretenu par une gamme d’idéologies qui se forment
réciproquement. De là il suit que la critique culturelle ne
distingue pas entre les champs conventionnels de la ‘haute’ culture (ou la
culture des élites) et de la ‘basse’culture (ou la culture populaire).
Au lieu d’abandonner l’étude des domaines de la haute culture, les
critiques culturelles proposent de réinventer la manière dont
on aborde cette étude. Au lieu d’adopter le point de vue qu’il n’y
a qu’une seule voix correcte d’interpréter l’histoire (c’est-à-dire
une explication totalisante), les critiques culturelles suggèrent
qu’à tout moment il y a forcément plusieurs discours qui rivalisent
l'un avec l'autre et qui s'imbriquent les uns dans les autres.
“A discourse is a social language created by particular cultural
conditions at a particular time and place, and it expresses a particular
way of understanding human experience. For example, you may be familiar
with the discourse of modern science, the discourse of liberal humanism,
the discourse of white supremacy, the discourse of ecological awareness,
the discourse of Christian fundamentalism, and the like. Although the word
discourse has roughly the same meaning as the word ideology, and the two
terms are often used interchangeably, the word discourse draws attention
to the role of language as the vehicle of ideology” (Tyson, 281).
• Que ceci veut-il dire?
Michel Foucault a beaucoup influencé le champ des études
culturelles dans leur approche de ‘lire’ et d’interpréter des artefacts
culturels comme la littérature, par exemple. Comme nous avons vu,
il y a plusieurs discours qui entrent en jeu pour informer l'histoire à
chaque moment. Ce qui est ‘juste’, ‘naturel’, et ‘normal’ sont ainsi des
questions de définition. (➜ Les pratiques culturelles)
2. Les pratiques culturelles
L'expression ‘le rôle de la langue comme véhicule d’une idéologie’
doit être comprise dans son sens le plus large, c’est-à-dire
les pratiques culturelles ne sont pas exclusivement exprimées dans
des textes faits de mots, mais des ‘textes’ qui se composent de signes en
général. Un récit peut être produit non pas seulement
à partir d’un texte littéraire, mais se laisse formuler également
à partir d’une peinture, d’un édifice d’une importance architecturale
(comme une cathédrale, par exemple), d’un certain type de musique,
d’un rituel et ainsi de suite. L’étude des pratiques culturelles se
veut donc fondamentalement interdisciplinaire et puise dans des domaines
de l’anthropologie, de la sociologie, de la psychologie, de la littérature
etc. Elle se réalise au point de rencontre des deux axes suivants:
Par l’intermédiaire des représentations de l'expérience
humaine à un moment et un endroit donnés, le ‘texte’ littéraire,
musical, architectural, pictural, et ritualiste se présente comme
une interprétation de l’histoire et de la culture. Les pratiques culturelles
à leur tour décrivent les discours qui circulent au moment
où ils ont été produits. En même temps, elles-mêmes
(les pratiques culturelles) représentent de tels discours.
3. Les études culturelles françaises
“The reciprocal interaction of the past and the present, and of nation,
class, and gender with each other, gives cultural identities a slippery dialectical
character in which change rather than stability is their dominant mode.
In some respects this may appear unsettling and confusing, as even France’s
past refuses to remain constant. But in other respects this is heartening
and invigorating, since French culture thereby becomes an almost inexhaustible
inheritance to be drawn on in the present. If, as Lévi-Strauss suggested,
a society’s culture is the language in which it speaks to itself, then French
society obviously speaks to itself in many voices. The richness and multiplicity
of its cultural discourses are a guarantee that it will continue to find
powerful and vivid ways of articulating new identities. And for this reason
French culture is a precious resource not only for France, but also for
others who are willing to listen.” French Cultural Studies, éds.
Jill Forbes et Michael Kelly, London: Oxford UP, 1996, p. 1)
Description du tableau: Pour arriver au Pays de Cocagne, il faut
passer soit à travers une montagne de bouillie soit un tunnel de galettes
sarrasins (à gauche). Dans ce lieu merveilleux les clôtures
sont faites de saucisses, les oies apparaissent déjà rôties
sur les plats, les cochons arrivent lardés d’un couteau.
Analyse:
Le tableau de Bruegel représente une adaptation picturale d’une
légende populaire qui est connue à travers l’Europe et qui
met en scène un lieu utopique d’abondance de tout, un endroit paradisiaque
où une vie sans souci nous sera guarantie.
Selon la théorie des études culturelles qui emprunte le concept
de ‘texte’ de la sémiotique, un tableau serait donc un récit
qui signifie et qui peut ainsi être vu comme ‘véhicule d’une
certaine idéologie’. Dans le cas de cette peinture-ci, l’axe vertical,
c’est-à-dire la vision du monde mise en scène par Bruegel serait
la suivante:
Le peintre illustre la dépendance de l’être humain vis-à-vis
la nourriture, vérité universelle, qui, comme aussi la maladie,
peut toucher n’importe qui de n’importe quel rang social: un chevalier et
un clerc sont allongés à côté du paysan. Chacun
d’entre eux repose sur une couche différente: le noble dort sur un
coussin, le clerc sur un manteau de fourrure, le paysan sur un fléau
qui lui sert à battre le blé. Mais tous trois se sont pareillement
bien nourri en se frayant un chemin à travers la montagne de bouillie,
ils ont tous trois goûté aux oeufs, à la viande et aux
volailles avant de jouir du repos. Dans une société largement
agricole qui était celle de Bruegel, les gens étaient à
la merci des forces naturelles, comme le temps, les animaux sauvages et ainsi
de suite. Les famines abondaient d’une manière presque chronique.
La simple survie, l’insistance sur le corporel et le naturel sont au centre
de ce récit pictural. C’est la satisfaction des besoins corporels
qui est assurée dans ce Pays de Cocagne, symbole d’un endroit utopique
qui nous fera oublier les conditions cruelles de la vie quotidienne.
En revanche, l’axe horizontal, c’est-à-dire la pratique culturelle
ou encore le résultat de cette vision du monde serait la production
artistique de Bruegel qui met en scène les préoccupations de
ces contemporains. L’idéologie exprimée par l’artiste est que
la nature ne fait pas de distinction: ce n’est pas seulement le paysan qui
est affecté par les caprices de celle-ci mais aussi l’homme érudit,
le clerc ainsi que l’homme noble, le chevalier.
(Référence: Rose-Marie et Rainer Hagen, Pieter Bruegel,
l’Ancien vers 1525-1569. Paysans, fous et démons, Cologne: Benedikt
Taschenverlag GmbH, 1994)
Pour en savoir plus:
Foucault, Michel. Les mots et les choses: une archéologie
des sciences humaines. Paris: Gallimard, 1966.
- - -. L'ordre du discours; leçon inaugurale au Collège
de France prononcée le 2 décembre 1970. Paris: Gallimard,
1971.
- - -. L’archéologie du savoir. Paris: Gallimard,
1972.
- - -. Surveiller et punir. Naissance de la prison.
Paris: Gallimard, 1977.
- - -. The Foucault Reader. Ed. Paul Rabinow. New York:
Pantheon, 1984.
Greenblatt, Stephen. “Culture.” Critical Terms for Literary
Study. Eds. Frank Lentricchia and Thomas McLaughlin. Chicago:
U of Chicago P, 1995, 225-32.
Grossberg, Lawrence, C. Nelson, P. Treichler, eds. Cultural Studies.
New York: Routledge, 1992.
Le Hir, Marie-Pierre and Dana Strand, eds. French Cultural Studies.
Criticism at the Crossroads. Albany: State U of New York P, 2000.
Nelson, Cary. What is Cultural Studies? A Reader. Ed. John
Storey, London, New York, Sidney: Arnold, 1997.