Section de Christine McWebb (résumé des cours sur le
Moyen Age)
• Il est essentiel de noter que la France comme on la connaît
aujourd’hui a été unifiée en un pays avec un
gouvernement centralisé seulement vers la fin du Moyen Age (au
quinzième siècle). Avant cette époque, la
désignation de la Gaule franque et même du royaume de
France ne traçait qu’un agglomérat de principautés
autonomes qui s’investissaient dans des intérêts divers et
qui avaient comme langue commune le latin. A part le latin on parlait
des dialectes et des patois très diversifiés. On appelait
les dialectes du nord la langue d’oïl et ceux du sud la langue
d’oc.
• Les trois grandes invasions avant l’an 1000 (voir page 110-111 dans
Histoire de France)
a) le sud: invasion musulmane
b) le nord: invasion des Vikings des pays scandinaves
c) l’est: invasion des tribus germaniques
• Les croisades qui s’étendent du royaume français vers
l’est: un mouvement d’expansion religieuse avec l’imposition de la
chrétienté, d’expansion territoriale avec la prise de
Constantinople en 1204, d’expansion culturelle avec l’importation du
savoir et d’expansion économique avec
l’importation des objets d’art et des épices de l’Orient
• 987: La fin de l’ère carolingienne et le début de la
dynastie capétienne avec le roi Hugues Capet
• Les troubadours
Le troubadour (qu’on appelle ‘trouvere’ au nord) est le poète
qui écrit le poème, tandis que le jongleur (joculator =
jeu = amuseur professionnel et itinérant, ambulant) est celui
que le chante et le met en scène. Le terme ‘troubadour’ vient du
mot “trover, trobar”= composer, inventer, faire des chansons. Cette
époque du moyen âge (11-12e siècles) était
marquée par l’oral.
Au début du XIIe siècle surgit une nouvelle forme
poétique: la fin’amors ou l’amour courtois. Il faut savoir que
les XIIe et XIIIe siècles était une période d’une
stabilité relative, peu de guerres, avec une certaine
prospérité en France. On parle même de la
Renaissance du douzième siècle (construction des
cathédrales comme Notre-Dame de Paris et naissance des
universités), un temps de
paix où les guerriers, les chevaliers passent leur temps
à des
tournois au lieu de se battre sérieusement. Cela se
reflète aussi dans la littérature: passage des chansons
de geste aux chansons courtoises dans lesquelles on ne
vénère plus l’héroïsme du chevalier preux
mais celui du chevalier courtois dans son expression amoureuse pour une
femme. Souvent cette femme reste inaccessible (‘amor de lonh’ = amour
de loin de Jaufré Rudel) puisque soit elle est mariée,
soit
elle fait partie d’une classe supérieure que le troubadour
lui-même, soit il s’agit d’une femme inconnue qui devient le
sujet d’une légende (voir Jaufré Rudel). La femme devient
ainsi un objet littéraire, l’occasion d’un discours masculin
porté par le désir se soutenant de l’énigme de la
féminité. Car cette féminité est
explorée de façons très différentes: on
trouve des chansons très misogynes, obscènes (Guillaume
IX) aussi bien
que celles qui glorifient la femme (Ventadour, Rudel) et la
lèvent la femme sur un piédestal, des chants de
vénération.
• Guillaume IX d’Aquitaine
Il a vécu au onzième siècle et il était le
grand-père d’Aliénor d’Aquitaine, épouse de Henri
II, roi d’Angleterre. Guillaume IX était très puissant et
avait de larges domaines de terre. On sait qu’il s’est fait
croisé et qu’il a voyagé en “pèlerinage” à
Jérusalem (1102). Guillaume IX est connu pour la
légèreté de ses moeurs, son sarcasme et son
langage obscène. Il se vante souvent de ses exploits
érotiques auprès de ses “compagnons”.
• Jaufré Rudel
Sa poésie combat l’obscénité des poèmes de
Guillaume IX. Il est plutôt idéaliste dans les six
poèmes qu’on a encoure aujourd’hui. Il est connu pour ‘l’amor de
lonh’ =amour de loin parce
qu’il dédie sa poésie à la comtesse de Tripolis
qu’il
n’a jamais vue. En fait, son discours est un discours de désir
de
ce qu’il ne va pas posséder. La femme devient ici une pure
abstraction qu’il peut manipuler comme il le veut. Elle est pur regard,
un ‘rien’, un vide que Rudel comble par sa propre imagination et
à sa guise. Son voyage est un voyage immobile, à
l’intérieur du désir.
La Guerre de cent ans
La fin du moyen âge était une période
marquée par la mort noire (la peste) et les famines ce qui a
fini par créer une atmosphère de peur permanente. Cette
angoisse se reflète dans l’expression culturelle comme dans
certaines peintures de Bruegel
(http://www.geocities.com/ppollefeys/triomphe_bruegel.jpg)
Phase 1 de la Guerre de cent ans:
Edouard III d’Angleterre versus Charles V
1346 - La bataille à Crécy ou Charles V perd Calais
1360 - Traité de Brétigny-Calais: le fils de Charles V,
Jean le Bon est battu et fait prisonnier à Poitiers en 1356. Le
traité accorde une rançon de 3 millions d’écus
d’or aux Anglais. En plus il cède tout le sud-ouest de la
France, des Pyrénées aux abords de la Loire. Guerre de
guérilla sous la conduite de Du Guesclin
pour récupérer ces contrées.
Armagnacs et Bourguignons qui se forment autour des oncles du roi
Charles VI, le roi fou et père douteux du dauphin, Charles VII.
La reine est Isabeau de Bavière qui a eu des rapports
extramaritaux, c’est-à-dire que la légitimité du
dauphin reste toujours un grand point d’interrogation.
Ces conflits mènent à la guerre civile à partir de
1407
entre
1. Le duc de Bourgogne Jean sans Peur qui regroupe les Bourguignons
tenant surtout l’est et le nord du royaume et
2. Son frère, le duc d’Orléans avec les
“Orléans-Armagnacs” qui tiennent le sud et l’ouest. Chacun est
prêt à s’allier aux Anglais, mais plus tard ce sont
surtout les Bourguignons qui obtiendront le
support des Anglais et qui vendront Jeanne d’Arc à l’ennemi.
Phase II de la Guerre de cent ans
La dominance des Anglais à cause de cette guerre civile qui
paralyse, ravage, démoralise le pays. En plus, Charles VI
déshérite son fils, le dauphin, au profit d’Henri V, roi
d’Angleterre. La France passe donc définitivement sous le
règne anglais jusqu’en 1429 et l’arrivée
de Jeanne d’Arc.
Le ditié de Jehanne d’Arc de Christine de Pizan (1429)
Les questions de discussion:
1. Expliquez le symbolisme du printemps dans la deuxième strophe!
2. Notez quelques stratégies stylistiques que l’auteure utilise
pour arriver à son but!
3. Comment Jeanne d’Arc est-elle présentée dans le
poème?
4. Quelle aurait pu être la motivation de l’auteure
d’écrire ce poème au moment où elle l’a
composé?
Cours sur le film “Jeanne la Pucelle” Scène 1 dans “Les
Batailles” (14 minutes: jusqu’au moment où Jeanne d’Arc et les
deux chevaliers s’endorment dans la paille): 1. Que fait le curé
avec Jeanne et quelle est la signification de cet acte? 2.
Décrivez la transformation physique et de personnalité de
Jeanne du début jusqu’à la fin de cette scène! 3.
Notez la musique lorsque Jeanne se met en route avec son escorte!
Quelle sorte d’effet est-ce que la musique crée pour
le spectateur?4. Comment Jeanne se comporte-t-elle par rapport à
la
peur éprouvée par ses deux compagnons pendant la nuit?
Scène 2 dans “Les Prisons” (15 minutes: la scène du
couronnement) 1. Les troupes de Jeanne se trouvent devant quelle ville?
2.
Que veut dire “la ville va offrir ses clés au roi”? 3. Quelle
est
la signification du couronnement du dauphin? 4. Notez les
différents
étapes et actes symboliques du couronnement!
La farce de maître Pathelin (anonyme, 1465)
L’origine du genre
Le terme de farce s’applique traditionnellement autant à un
registre qu’à un genre: le comique (primauté de l’action,
intrigue sur un schéma simple, personnages stylisés qui
sont surtout des rôles et des types collectifs, registre ‘bas’ de
la caricature, de la
vulgarité, de l’obscénité). Dans le cas du
théâtre médiéval, il s’agit d’un ensemble
relativement homogène de quelque deux cents pièces, qui
présentent des similitudes de construction, de thématique
et de style.
Du fabliau à la farce: le fabliau est d’habitude le traitement
d’un sujet érotique ou scatologique, schématique,
simpliste, aux personnages non-développés. La plupart des
éléments de définition du comique de fabliau
peuvent se reporter sur la farce. Leur équivalent en Italie
serait la Comedia dell’Arte
(http://www.ajax.org/reference/misc/comedia-della-arte.html).
Farce: pièce généralement courte (autour de 500
v,), en octosyllabes à rimes plates surtout, la farce
développe une
action dramatique simple aux rôles schématiques et
stéréotypés. Le rythme, le jeu des acteurs y
tiennent une place considérable; les échanges verbaux
empruntent volontiers aux procédés du
rire les plus immédiats, scatologie et obscénité.
La représentation se fait sur un ‘échafaud’, une petite
estrade de 2 x 3m, à 2m. du sol, entouré de public sur
trois côtés, et limité sur le quatrième par
une tenture. Les acteurs sont tous des hommes et les rôles sont
codifiés. Les gags visuels, le jeu physique des acteurs, la
manipulation d’objets facétieux (flacons d’urine etc.) tiennent
une place importante. Le trait déterminant de
la farce est alors l’extériorité de l’action, la
priorité de la structure: le personnage est une sorte de pantin,
soumis aux règles implacables d’une mécanique = la
machine à rire.
2. Les composantes de la farce
La ruse est la pierre de touche de la farce:
a) burla: de simples sketches, fondés sur une simple forme de
tromperie sans retournement
b) beffa: farce d’intrigue qui est la farce proprement dite: souvent
elle repose sur ‘le trompeur trompé’ comme dans Maître
Pathelin: le
mauvais tour joué à la victime, comme le drap volé
à
Guillaume, le quiproqu (l’arrangement des informations,
c’est-à-dire la création du malentendu dont tous les
côtés sont seulement visibles pour le spectateur), la
méprise et le jeu d’illusion etc.
Le décor
C’est surtout le milieu urbain qui domine avec les marchands et les
artisans comme personnages typiques. Le second lieu
privilégié de l’action farcesque est e logis familial,
où les scènes de la vie conjugale semblent occuper la
plus grande partie du temps: l’antiféminin.
La farce de maître Pathelin
Structure narrative: Le texte se présente comme un pur dialogue
sans coupure avec une discrète didascalie. On pourrait le
diviser en deux sections:
- le vol du drap par un avocat douteux
- le procès du berger
Le rire tient surtout à l’utilisation virtuose des
possibilités du langage, et les scènes les plus
drôles reposent sur la combinaison de la ruse et de la parole. Ce
qui fait la popularité de la pièce est l’image du
‘trompeur trompé’ et de la variété dans les
mensonges
Pathelin est en fait un festival carnavalesque de la tromperie.
(Pour le vocabulaire et l’analyse de la pièce, voir:
http://french.uwaterloo.ca/courses/197drsupp2.html)
La Renaissance
L’époque de la Renaissance commence d’une façon un peu
arbitraire
avec l’invention de l’imprimerie par Johannes Gutenberg vers 1455 et
désigne
plus ou moins le seizième siècle. Cette époque
peut
être décrite comme une période de progrès
intellectuel
(avec l’humanisme), scientifique (l’avancement de l’astrologie par
exemple),
géographique (la découverte du Nouveau Monde),
économique
(l’urbanisation et la nouvelle diffusion des informations grâce
à
l’imprimerie), et théologique (la Réforme).
I. Naissance de l’imprimé
Au milieu du Xve siècle se développe l’imprimerie,
raffinée
en caractères mobiles d’abord par Johannes Gutenberg à
Mayence,
Allemagne (vers 1455). Cette invention révolutionnaire, analogue
à
l’avènement de l’internet, va progressivement affecter la
manière
et la vitesse de communication. Le premier livre imprimé est la
Bible
de 42 lignes par Gutenberg vers 1455
(http://www.gutenberg.de/english/index.htm).
Au lieu de s’imposer d’un jour à l’autre l’introduction de
l’imprimerie
se fait au fur et à mesure à travers l’Europe. La
période
de transition dure à peu près jusqu’en 1470/80. On
appelle
les premiers textes imprimés les incunables. La presse
apparaît
à Paris en 1470 et s’étend de là à travers
le
pays.
II. La Renaissance
Il est sans doute à cause de l’avènement de ce nouveau
médium
que la nouvelle littérature humaniste se répand de
l’Italie
en France et à travers l’Europe. Le renouvellement et
l’élargissement
de la culture émanant de l’Italie avec Pétrarque par
exemple
s’appelle la Renaissance. Ce qui “renaît,” comme on a
déjà
vu aussi lors de la Renaissance du douzième siècle (la
Renaissance
carolingienne), ce sont les textes de l’Antiquité qu’on
s’efforce
de reproduire dans leur plus grande authenticité. Il s’agit donc
du
retour aux “sources” de l’autorité littéraire. Pourtant
avec
un nouvel objectif qui est de considérer l’être humain en
tant
qu’individu et l’esprit humain pour le plus noble objet des recherches
intellectuelles,
esthétiques, et morales. Ce mouvement s’oppose à la
mentalité
médiévale où on classifiait tout d’une
manière
binaire et dichotomique. On appelle ce nouvel intérêt dans
l’individualisme
et la valeur de chaque personne:
III. L’Humanisme
Erasme de Rotterdam, Michel de Montaigne, Rabelais sont les
représentants
les plus ardents de cette philosophie humaniste qui trouve, chez eux,
des
modes d’expressions assez divers. La notion fondamentale de l’humanisme
est
de viser la dignité humaine. Ici le passage du latin au
vernaculaire
est crucial. C’est la traduction qui gagne d’importance puisque pour
rendre
les textes accessibles au grand public lettré, il faut traduire
les
textes philosophiques et théologiques en français.
L’Eglise
catholique a monté une grande résistance envers cette
nouvelle
accessibilité parce que l’accessibilité veut dire aussi
que
les gens comprenaient le dogme chrétien et pouvaient formuler
leurs
propres idées et interprétations à l’égard
de
la doctrine catholique et de la Bible. Avec le résultat que la
critique
et l’appel à la réforme de cette institution montaient.
IV. La Réforme
Les critiques de l’église catholique se concentraient surtout
sur
la pratique corrompue de l’achat des saluts. On demandait la
rénovation
religieuse de l’Eglise par un retour à la ferveur et
l’interprétation
plus exacte, c’est-à-dire littérale, de la Bible. Le
terme
“Evangélisme” désigne cet humanisme de la Réforme,
qui
émanait de l’intérieur de l’Eglise catholique
elle-même.
Ce mouvement atteint son apogée entre 1516 et 1521-22, surtout
grâce
à Martin Luther et Erasme de Rotterdam. Cette controverse marque
le
début du protestantisme, mouvement de séparation de
l’Eglise
catholique qui mènera aux guerres de religion jusqu’au milieu du
XVIIe
siècle.
Voir aussi:
Aulotte, Robert. Le XVIe siècle. Littérature
française.
Nancy: Presses universitaires de Nancy, 1991.
(Pour l’architecture, voir les sites examinés en classe)
Molière Le Médecin
malgré lui
Résumé de l’intrigue:
Le
Sganarelle est obligé de prendre l’habit de
médecin à la suite d’un bon tour que lui joue sa femme
Martine; comme elle l’a
présenté comme un extraordinaire médecin, on
menace de le rouer de coups s’il
refuse de donner une consultation. C’est à ce bon tour
joué à Sganarelle qu’est
consacré le premier acte. Dans le second, à travers la
consultation donnée par
le faiseur de fagots, la satire des médecins est beaucoup plus
forte et
beaucoup plus cocasse que par exemple dans Le Médecin volant,
car cette
fois, si la jeune fille feint encore d’être malade (elle semble
avoir perdu
l’usage de la parole), le faux médecin l’ignore et il doit
fournir et
diagnositc et remède! On se rend vite compte que Sganarelle fait
plus que de
gagner du temps: sans aucun complex à l’égard de la
science médicale, à
laquelle il ne croit manifestement pas, il prend plaisir à
berner tout son
monde par un mélange de fausse érudition et de franc
parler, il profite des
avantages que donne la fonction de médecin pour ‘visiter’ le
sein de la
nourrice, et il fait bien payer sa consultation! Rebondissement
à la fin de ce
deuxième acte: le jeune Léandre lui apprend que Lucinde
fait semblant d’être
muette et lui demande son aide contre une bourse bien remplie.
Sganarelle le
présente donc dans l’acte suivant comme son apothicaire et,
distrayant le père,
Géronte, il permet à Lucinde de fuir avec son galant. Un
bon tour avec coups de
bâton, une parodie de consultation médicale, un
deuxième bon tour avec
déguisement, voilà quelle est la structure d’ensemble du Médecin
malgré lui.
(Source: Littérature
française du
XVIIe siècle, éds. Rober Zuber, L. Picciola, D.
Lopez, E. Bury, Paris: Puf,
1992)
Les
Fables de Jean de la Fontaine (1621-95)
Le
peintre Chagall a préparé les illustrations pour une
édition des Fables;
voir http://www.windsorfineart.com/artists/chagall/chagall.html et plus
spécifiquement
http://www.spaightwoodgalleries.com/Pages/Chagall_Fables2.html.
La fable (ou l’apologue) vient de
très loin et un fonds antique s’est constitué
attribué à Aesope (VIe siècle av. J-C.).
Dès cette époque la structure du genre
est établie: un court récit, souvent
agrémenté d’un dialogue, et qui sert à
illustrer une morale. Les personnages sont la plupart du temps des
animaux où
on cherche à retrouver des ressemblances avec les
caractères humains, et une
sagesse véritable. Le récit est sobre et le fabuliste,
en observateur
des moeurs, en tire une morale pratique fondée sur le bon sens. Phèdre
(Ier siècle) adopte et modifie le style et inspire à son
tour La Fontaine. La
fable trouve son essor dans l’usage scolaire comme exercice de
traduction ou
comme leçon morale.
Le
premier recueil des Fables sort en 1668. Avec le second recueil
(1678/79) des situations reviennent, des personnages
réapparaissent, plusieurs
fabales ayant leur double. Les animaux pensent, agissent et parlent
comme des
êtres humains, prodige qui situe le pays des fables hors du
réel. Les hommes et
les femmes qui s’y trouvent, et qui cohabitent avec ces animaux
parlants, ne
sont eux-mêmes pas tout à fait réels (comme aussi
dans les contes de fée). De
ce monde surgit cette poésie qui vient de la création
d’un ailleurs imaginaire.
(Référence: R. Zuber et al. Littérature
française du XVIIe siècle, Paris:
Puf, 1992)
Les fables étudiées en classe:
- Le
Corbeau et le Renard
- Le Loup
et le Chien
- Le Loup
et l’Agneau
Les contes de
fées de Perrault
Introduction:
Perrault n’est
évidemment pas le
premier à faire entrer le conte de fées en
littérature. Il y en a des exemples
dans la littérature de l’Antiquité, même si les
traces écrites en sont sporadiques
(par exemple le conte Psyché). Par
contre, la littérature médiévale est très
imprégnée de merveilleux d’origine
très diverse (comme par exemple les Lais de Marie de
France). L’autre
influence qui a inspiré Perrault vient de la tradition
italienne. Perrault
n’est pas seul dans son goût pour cette tradition orale du conte
de fées
puisque les contes connaissent en cette fin du XVIIe siècle une
mode
extraordinaire, et les publications sont particulièrement
concentrées entre
1695 et 1698. Les Histoires ou Contes du temps passé de
Perrault
apparaissent en 1697. D’ailleurs, la popularité des contes de
fées dépasse le
niveau de publication: ils servent aussi comme divertissement de salon.
On dit que les contes de
fées
littéraires du XVIIe siècle constituent dans l’ensemble
une littérature de
femmes dans le sens où le recours au merveilleux serait la seule
évasion
possible pour des femmes dont le champ d’action est réduit
à l’extrême.
Analyse:
Les contes s’inscrivent
donc
fortement dans la tradition orale. On peut les classifier dans deux
catégories:
ceux qui abordent des sujets pour adultes (mariages, situation de
conflit et
trajet conflictuel du héros après le mariage) et ceux qui
abordent des sujets
de la vie d l’enfant (leçons de comportement juvénile
comme dans Le Petit
chaperon rouge ou Petit poucet). Ces contes se termine
habituellement avant la mariage, s’il y en a. Ou encore, le mariage est
expédié
dans une seule phrase comme dans Cendrillon. Cependant, dans
les contes
traditionnels pour adultes, après la rencontre amoureuse, les
héros doivent
encore surmonter des épreuves avant de trouver le bonheur qui
leur a été promis
par l’acte du mariage.
Le petit
chaperon rouge
Ce conte est sans doute le
plus
célèbre des contes de Perrault, même s’il est
géographiquement très localisé
(il était connu uniquement dans la région allant du
bassin de la Loire au nord
des Alpes avant de faire son entrée plus loin comme par exemple
en Allemagne où
il a été adapté par Grimm qui s’inspire
directement de Perrault).
Il n’existe aucune version
écrite
du Petit Chaperon rouge avant Perrault. Tout semble indiquer
que pour ce
conte Perrault s’est inspiré directement de la tradition orale
française.
Le style:
Le récit de
Perrault est poignant
dans sa simplicité. C’est le seul conte de Perrault où le
jeu ironique à
l’égard des événements narrés est
totalement absent. Ici, l’auteur adhère
constamment à l’histoire qu’il raconte; peut-être parce
que les événements sont
tragiques (c’est le seul conte qui finisse mal), peut-être parce
que c’est un
conte pour enfants. Quoi qu’il en soit, la technique narrative
adoptée oblige
le lecteur à s’identifier complètement à l’enfant,
dont le récit souligne le
caractère de victime innocente.
Le conte utilise certains
procédés de la narration orale, comme les dialogues
présentés en style direct
ou les répétitions.
La Belle au Bois
dormant
Structure du
récit:
Les actants: Deux héros:
1. Le prince, jeune homme
de
haute naissance
2. La Belle, jeune fille
de
naissance apparemment obscur, mais en fait de haute naissance elle
aussi.
Deux couples de parents:
ceux de l’héroïne, adultes de haute naissance, cause
involontaire du méfait
dont leur fille est victime; et ceux du héros, adultes de haute
naissance. Le
père est un opposant passif du héros, puisque le prince
n’ose lui avouer son
mariage avec elle. La mère est un opposant actif, puisqu’elle
cherche à
dévorer, puis à mettre à mort sa bru et ses
petits-enfants.
L’opposant: ce rôle
actantiel est réparti sur trois figures féinines.
L’adversaire est d’abord
dédoublé en une vieille fée, oubliée
dans une tour, volontairement
néfaste, maîtresse de la vie et de la mort puisqu’elle
file les destinées
humaines, et une vieille femme, oubliée dans une tour,
involontairement
néfaste, qui file au sens propre du mot, et endort la Belle pour
cent ans. Dans
la deuxième partie du récit, l’héroïne est
mariée, et est passée de sa famille
biologique à sa famille par alliance. Le rôle de
l’opposant, tenu jusque-là par
des figures maternelles passe maintenant à celle de la belle-mère
ou
mère par alliance.
L’adjuvant: trois
personnages: la jeune fée, qui atténue le
méfait accompli par la
vieille; un vieux paysan, qui renseigne le prince sur le
château
enchanté, l’incitant par là à tenter sa chance, et
lui ouvre donc indirectement
le chemin de la rencontre amoureuse, contrairement au père du
héros, dont il
est impensable qu’il puisse accepter la liaison de son fils; enfin, le maître
d’hôtel, qui neutralise les persécutions de la
belle-mère.
(Référence:
Simonsen, Michèle, Perrault. Contes.
Etudes littéraires, Paris: puf, 1992)